Nouvelles identités narratives dans l'art hypermédiatique
Ce programme poursuit des recherches sur les œuvres hypermédiatiques, œuvres d'art conçues et destinées à une diffusion sur le web en privilégiant l'examen des nouvelles identités narratives qui y prolifèrent. En effet, le web est propice à la diffusion de leurres de toutes sortes : personnalités multiples et troubles, marché du corps, journaux intimes et mises en scène du quotidien où fiction et réalité s’entrecroisent. À l’ère du sujet tragique, tiraillé entre les multiples investigations du soi, le web apparaît comme un lieu où les identités sont plus que jamais dynamiques et variables, identités des sujets mais aussi des supports et des genres, où les propositions sont subversives et permettent une redéfinition critique de nos certitudes.
C’est dans une perspective d’une histoire de l’art comprise comme anthropologie culturelle, ouvrant ses méthodes aux sciences humaines et aux théories des communications et littéraires, que s’inscrit cette démarche. Ouverture en effet commandée par la nature même des œuvres qui présentent souvent une grande originalité tout en considérant la culture et ses traditions comme des matériaux dont elles offrent souvent des ré-interprétations critiques présentant des formes de mixité, d’hybridité contrastant avec l’idée d’une pureté disciplinaire aux frontières hermétiques.
Le programme proposé répond à un objectif de recherche principal : identifier les stratégies artistiques et inscrire ces pratiques dans l’histoire de l’art en tentant de déterminer les points de continuité ou de rupture qu’elles entretiennent avec d’autres types de pratiques artistiques. À partir de cet objectif principal deux axes de recherche seront développés au cours des trois prochaines années, chacun de ces axes faisant l’objet d’une demande de financement distincte :
1) Nouvelles identités narratives, les stratégies de représentation et figures du double auxquelles ont recours les artistes : alter ego, mythographie, utilisation critique des types sexuels conventionnés, cyberféminisme. Cet axe constitue l’objet de la présente demande.
2) Figures de l’appropriation (citation, emprunts, hybridation art et culture de masse) par la circulation de thèmes et motifs ou stratégies artistiques. Cet axe fait l’objet d’une demande au fonds CRSH.
Dans l’histoire des arts médiatiques, l’intérêt pour l’autoreprésentation est indéniable. La venue de ces différentes technologies sur le marché a permis et a installé des conditions pour explorer, dans un cadre différent, les natures complexes de la subjectivité et de l'identité. La découverte de soi, se mesurer au monde à travers la caméra web, vidéo ou même l’appareil photo a fait, et fait encore partie des préoccupations constantes des artistes. Que ce soit par l’obsession de l’autoportrait, par la construction d’un alter ego fictionnel, par la mythographie (écriture visuelle ou littéraire de la projection fantasmatique d’un sujet permettant de multiplier ses extensions identitaires), ces représentations véhiculées par les arts médiatiques, grâce à la puissance dénotative des images réalistes, instituent cette relation particulière avec le spectateur qui le renvoie à sa propre condition de sujet existentiel mais aussi à son statut de sujet culturel témoignant de son contexte social, de types et de modèles conventionnés. Ces nouvelles identités narratives seront donc le corpus privilégié de cette recherche, étudiée avec une perspective phénoménologique et psychanalytique.