Formes contemporaines de l'événement et du récit

Nous sommes au cœur d'un régime d'historicité contemporain où le présent seul semble porteur de sens (Agacinski). Dans ce contexte, il n'est pas étonnant que l'événement, dans sa brutalité et sa singularité, soit l'un des marqueurs de ce régime. L'événement, c'est le fait dans toute sa spontanéité, désordonné, irrégulier; c'est le réel qui se manifeste dans sa force disruptive (Derrida, Habermas). Souvent, il suscite l'étonnement ou l'incrédulité. Pensons au caractère invraisemblable des attentats terroristes du 11 septembre 2001. Face à de tels chocs, on est d'abord confronté aux limites de nos propres savoirs et de nos horizons d'attente. Cette réaction initiale exprime sans ambages la puissance de l'événement. Et la question se pose: comment représenter cet événement, comment l'interpréter, le construire (Véron), le mettre en discours et en récit (Ricœur), le transmettre par la mémoire (Halbwachs, Debray, Mitzval)? L'événement, ce n'est pas simplement la force brute d'un coup, l'irruption d'un nouvel état de chose, mais sa signification pour un sujet qui l'interprète et l'inscrit dans la durée. L'événement et sa difficile prise en charge par le récit contemporain sont en fait une porte d'entrée idéale pour rendre compte de figures centrales de notre présent, à savoir la violence, la crise, l'oubli, la complexité du monde, etc.

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